La Déclaration d'indépendance des Etats-Unis
Introduction
Amorce : La Déclaration d'indépendance est un texte politique par lequel les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord s'auto-séparer du Royaume-Unis, le 4 juillet 1776. Ce texte est marqué par l'influence de la philosophie des Lumières et tire également les conséquences de la Glorieuse Révolution de 1688. Suite à des abus constatés, les délégués des colons estiment donc qu'ils ont le droit et le devoir de se révolter contre la monarchie britannique. La déclaration d'indépendance est une étape majeure dans l'histoire des relations anglo-américaines : après une série de crises entre la métropole et les colonies, le roi George III et le parlement britannique décident d'imposer à ses colonies de nouvelles taxes sans les consulter, ce qui provoque le mécontentement des colons. Le souverain envoie des soldats pour mater la rébellion et imposer ses décisions : c'est le début de la guerre d'Indépendance (1775). C'est donc dans ce contexte que le Second Congrès continental, composé de délégués des treize colonies se réunis à Philadelphie, afin de rédiger la Déclaration d'Indépendance. Le projet est confié à un comité de cinq représentants. Mais c'est finalement Thomas Jefferson qui élabore une ébauche. Il devient de fait le principal auteur du texte même si à l'époque, on voulut faire penser que la Déclaration était une œuvre collective, les recherches des historiens et des juristes ont démontré que Jefferson en était bien le principal rédacteur. Il finit son travail le 21 juin 1776 et le soumet au comité qui fait quelques modifications. La déclaration est encore amendée au cours des débats du Congrès comme les passages sur la traite et l'esclavage sont supprimés, afin de ne pas mécontenter les régions du Sud. Le document définitif, écrit sur du parchemin, est approuvé et signé le 4 juillet par 56 délégués réunis à l'Independance Hall. La Déclaration est ensuite envoyée à l’imprimerie pour être largement diffusée.
Problématique : En quoi la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis est-il un texte de combat à portée universelle, qui s'adresse à "l'opinion de l'humanité" ? Dans quel mesure cette déclaration d'indépendance justifie-t-elle le droit à la révolte basé sur la prudence ?
Annonce de plan : Rappelons finalement quelques-uns des grands principes qui ont guidé la rédaction de la Déclaration d'indépendance:
1. le gouvernement est fondé sur un contrat social qui lie le peuple et ses représentants et est obligé de protéger les droits naturels
2. et lorsque ceci n'est pas respecté ceci est un despotisme ainsi le peuple a le devoir de se révolter lorsque ces principes ne sont pas respectés
I. Les sources philosophiques de la Déclaration d'indépendance
Transition : S'inspirant de la philosophie des Lumières, en particulier des idées de John Locke, cette déclaration proclame les principes de liberté et d'égalité et servira de référence à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, rédigée pendant la Révolution française. ///
A. L'influence de John Locke
L'influence principale de ce texte viendrait de deux textes du philosophe anglais John Locke : Traité sur le gouvernement civil dans lequel il affirme la légitimité de l'insurrection populaire lorsqu'un gouvernement souverain ne tient pas son rôle adéquatement « Les hommes étant tous, écrit-il, libres, égaux et indépendants (dans l’état de nature), nul ne peut être dépossédé de ses biens et assujetti au pouvoir politique d’autrui sans son consentement. » et le Second Traité sur le Gouvernement dans lequel Jefferson s'inspire du « vie, liberté et propriété » de Locke en le modifiant en tant que « vie, liberté et bonheur ». Les droits naturels comprennent la vie et la liberté. Locke ajoutait : « la propriété ». Jefferson, lui, préfère « la recherche du bonheur », un bonheur individuel et social. Enfin, la souveraineté du peuple ne saurait être restreinte. Elle découle du contrat social. Si la tyrannie porte atteinte à son intégrité, le peuple aura raison de faire valoir, avec prudence, son droit à la révolution – à condition, bien entendu, que ce ne soit pas « pour des causes légères et passagères. ». Cette philosophie lockienne a donc traversé l’Atlantique. Les colonies s’en inspirent pour construire leur système politique et pour justifier leurs récriminations contre la métropole. Les ouvrages de Locke figurent dans les bibliothèques des gentilshommes de Virginie et des marchands du Massachusetts. De ce point de vue, il n’est pas excessif de soutenir que les Américains s’opposent au roi d’Angleterre George III en prenant appui sur les idées anglaises. Ils sont même plus anglais que les Anglais. Le texte reprend ainsi la tradition anglaise républicaine, qui s'était exprimée au cours des Révolutions du XVIIe siècle.///
B. Les droits naturels des Hommes
L'égalité : Le premier principe clairement affirmé est celui de l'égalité. Il ne s'agit pas naturellement d'une égalité socio-économique des membres de la société américaine mais d'une liberté de nature politique pour ceux qui sont considérés comme des citoyens à part entière du corps politique et surtout d'une égalité entre les Américains et les anglais. Remarquons en outre qu'en Amérique, à la différence de la France de 1789, il n'y avait pratiquement pas de privilèges héréditaires. Les seuls hommes qui ne fussent pas vraiment les égaux des autres, c'étaient les Noirs : or, malgré Jefferson, les colons, qui proclamaient l'égalité humaine, n'avaient pas l'intention d'émanciper les esclaves.
La liberté : La deuxième idée centrale du texte est la liberté: il ne s'agit plus des libertés collectives des époques précédentes, mais de libertés individuelles qui sont proclamées haut et fort.
Le bonheur : Le droit au bonheur et à la sécurité ; et non pas la rentabilité, l'expansion ou la consommation est ici évoqué. Le bonheur ou plutôt la quête du bonheur sont ici érigés en principe d'espérance. Il faut se garder de donner à ce bonheur un sens purement individualiste. Le bonheur est inséparable à la vertu sociale ; il dépend étroitement d'un bon gouvernement La Déclaration énonce donc en des termes voués à l'immortalité le droit de tous les êtres humains à la quête du bonheur. Mais l'ambiguité du mot « bonheur » a fait couler beaucoup d'encre. Le terme contient de façon implicite la notion de propriété. Il pourrait donc fort bien comprendre à la fois l'acquisition et la préservation des biens ainsi que la participation commune à l'intérêt public.///
C. L'atteinte aux droits fondamentaux
Par conséquent pour Jefferson comme pour de nombreux Américains, ce ne sont pas seulement les droits des sujets britanniques d'Amérique qui ont été violés, mais les droits naturels inaliénables de l'homme (la vie, la liberté, la recherche du bonheur). "[La Déclaration] fait référence au "Dieu de la nature" et au "Créateur", le Dieu des philosophes, grand ordonnateur de l'univers, et aux "lois de la nature" dont découlent des droits. [Elle] ne prétend pas en faire une liste exhaustive puisqu'[elle] évoque certains droits inaliénables parmi lesquels [elle] cite, après avoir fait référence à l'idée d'indépendance et d'égalité, "la vie, la liberté et la recherche du bonheur". L'énonciation du droit à la vie mérite d'être souligné car elle ne sera pas reprise dans d'autres déclarations du XVIIIe ni du XIXe siècle." Ainsi ses droits inaliénables relèvent du Créateur, autrement dit de Dieu et aucun pouvoir humain ne saurait s'en prétendre dépositaire (d'où l'illégitimité de l'annexion), donc quand les droits sont bafoués il est non seulement du droit mais aussi du DEVOIR d'une nation de s'en débarrasser par la rébellion collective. Dans le droit fil de la philosophie des Lumières, le préambule de la déclaration d'Indépendance revêtait cependant un caractère universel, et se présentait bien comme comme une déclaration de droit. ///
Transition : La déclaration fonde en droit d'insurrection et établit le système de valeurs qui est à la base de la philosophie politique des américains. Exposé des griefs, ce texte est surtout le rappel des éléments fondamentaux établissant la société politique. La Déclaration de 1776 marque nettement la rupture avec la métropole et crée une nouvelle entité politique. ///
II. De la théorie philosophique à la réalité politique
Transition : La Déclaration d'indépendance énonce une théorie politique qui justifie l'insurrection et qui détermine les principes devant gouverner le nouvel État. Il y a donc l'affirmation de la nécessité de se séparer et la justification de résister aux excès de l'exécutif et de sa tyrannie en rompant le contrat qui n'a pas été respecté par un roi, despote absolu et arbitraire. ///
A. Une mise en accusation du roi anglais et de la "tyrannie" britannique
Pour Jefferson, il existe une loi morale universelle que les hommes découvrent grâce à leur raisonnabilité. La Déclaration d'indépendance est donc faite non pas seulement pour le roi d'Angleterre et ses sujets, mais pour tous les hommes raisonnables qui peuvent ainsi constater les "injustices et usurpations répétées" qu'ont subies les colons américains. En effet, l'évocation des procédures qui ont été mises en place par les colons pour exhorter au dialogue ("nous n'avons pas non plus manqué d'égards envers nos frères de la Grande-Bretagne"), des multiples rappels de l'injustice des lois mises en place, du non-respect du symbole représenté par les colons à l'étranger et notamment en Amérique montre qu'il y a au sein même du peuple un sentiment de frustration et d'exaspération des colons qui se sentent bafoués par l'impérialisme britannique.Dès lors, ces colons clament leur droit à être respectés en tant que dépositaires du pouvoir aux Etats-Unis et dénoncent l'ingérence du roi dans ce qu'ils avaient déjà établi (législation, omniprésence militaire illégitime...) mais aussi, les abus des lois d'agression frontale envers les colons, par exemple le poids insupportable des taxes qui leur sont imposées. Le poids de la fiscalité, l'humiliation psychologique, la maladresse politique sont donc dénoncés. Le roi est ainsi déclaré "impropre à gouverner un peuple libre", la liberté étant ici vue comme allant de soi, comme légitime face à l'illégitimité de l'incompétence au pouvoir. Dès lors, rébellion nécessaire et inévitable.///
B. Le fondement d'un nouvel Etat.
La Déclaration proclame alors la nécessité de l'indépendance des colonies à toute l'humanité qui pourra ainsi juger de la légalité de la révolution et de la droiture des intentions des représentants des États-Unis. Ceci arque donc une émancipation définitive dans la mesure où c'est une déclaration réelle sur un discours performatif. Déclaration en pure et due forme, avec divers énoncés dans les relatives qui annoncent les nouvelles règles universelles de l'Etat neuf indépendant. La souveraineté du peuple libre est affirmée et la répétition du « nous » consacre la formation d'une conscience nationale. Les colonies sont dégagées de toutes obligations mais l'accent est surtout mis sur ce qui a trait aux relations extérieures. La Déclaration ne règle pas le problème de l'Etat ou des Etats. Le transfert des souveraineté vers les Etats est clairement inscrit mais le problème de l'unité nationale n'est pas réglé. La déclaration est peu précise sur la nature exacte des compétences qui relève de chaque Etat. Le rôle des Etats indépendants est de « déclarer la guerre, de signer la paix, de contracter des alliances, de faire du commerce ». Il faut bien dire que ce texte n'a pas de prétention universelle mais qu'il conserve une grande efficacité dans la contingence du moment. Moins qu'une affirmation des droits fondamentaux de l'être humain, l'histoire de la Déclaration montre que la nation (terme qui désigne aux Etats-Unis l'Etat fédéral) résulte de la conjonction des intérêts de tous, ce qui manifeste très bien aussi la devise E Pluribus Unum. Et cet intérêt collectif, c'est de s'intégrer à part entière dans le concert des nations.///
C. Un texte de combat à portée universelle
La Déclaration d'Indépendance eut un grand retentissement en Amérique du Nord. Le texte servit de propagande aux patriotes américains pendant la guerre d'Indépendance. Il fait partie des textes fondateurs de la nation américaine, aux côtés de la Constitution et du Bill of Rights. Le 4 juillet marque donc « le véritable acte de naissance des États-Unis » et cette déclaration fonde ainsi la première nation décolonisée du Monde, bien que l’indépendance ne fût officiellement reconnue qu’en 1783 avec le Traité de Versailles. Ainsi la Déclaration d’indépendance n’est pas seulement un texte de circonstances. Elle fait suite à une longue réflexion sur le pouvoir politique, sur le lien social, sur l’histoire des idées. Elle prend racine dans le terreau d’un débat philosophique et historique. Thomas Jefferson respire l’air du temps. Il donne à ses propos une portée qui dépasse, de loin, le conflit entre l’Angleterre et ses colonies. C’est ce qui explique que la Déclaration, du moins son préambule, n’a pas cessé, depuis 1776, de s’adresser au monde tout entier. Elle influença par exemple les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Au XIXe siècle , elle servit de référence aux leaders indépendantistes comme Hô Chi Minh au cours de la décolonisation vietnamienne.///
Conclusion
Rupture définitive avec le passé, volonté de marquer la différence entre la particularité de la condition précédente et l'universalité des nouvelles règles (ça ressemble en fait à la DDHC, on peut ici faire une citation - comme toute déclaration universelle revendiquant ses droits du Juge Suprême).
Début d'un long processus qui ne s'est pas fait du jour au lendemain :
1776 = Déclaration d'indépendance ;
1777 = articles Confédération ;
1787 = Constitution ;
1789 = Déclaration des droits.
ce serait plus pratique de faire un résumé que de tout lire sans rien trouver d intéressent pour notre travail .
RépondreSupprimerce serait plus pratique de faire un résumé que de tout lire sans rien trouver d intéressent pour notre travail .
RépondreSupprimersa ma beaucoup aidé merci
RépondreSupprimersuper utile et bien fait
RépondreSupprimer