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dimanche 6 novembre 2011

Le Front National : un parti fasciste?


Presque 40 ans après sa création et environ 30 ans de présence continue dans la vie politique française, le front national maintient toujours une ambiguïté sur sa véritable nature.
Celle-ci témoigne de l’hétérogénéité idéologique du parti depuis ses origines.
Crée en juin 1972 par le groupuscule néo-fasciste ordre nouveau et présidé 4 mois après par JMLP, le FN se veut rassemblement des diverses tendances de la droite radicale. Il préfère d’ailleurs l’appellation mouvement à celle de parti.
C'est grâce à cette stratégie et au charisme de Mr Le Pen que le front national est devenu le pilier de l'extrême droite française
Alors que la plupart des vieux cadres ont disparu et que l'actuelle présidente Marine Le Pen, fille du vieux chef, tente de moderniser et d'adoucir l'image du front, par quels termes peut-on désigner le FN ?

« F » comme fasciste, « N » comme nazi !

La question de le définir en référence au fascisme, dans sa forme originelle ou de ses résurgences (néofascisme) n'est plus aujourd'hui qu'un réflexe militant.
Les Historiens, sociologues et autres politologues concernés sont presque unanimes à ce sujet, à l'image de JF Sirinelli : « on ne peut sérieusement considérer le front national comme un parti ou une organisation néo-fasciste ».
Se pose alors la question de savoir ce qui le différencie des organisations fascistes, mais aussi pourquoi il suscite encore une méfiance, des soupçons et souvent même un rejet.

Nous verrons d’abord qu’il existe des différences fondamentales entre frontisme et nazisme. Elles ne suffisent pourtant pas atténuer les craintes. Il faudra donc étudier les raisons de la diabolisation de ce parti.

I)              Des différences fondamentales
La difficulté pour appréhender le caractère fasciste ou non d'une organisation réside dans la difficulté à définir et à mettre des bornes au concept de fascisme
a)    Il est nécessaire de définir la notion de fascisme
Au sens premier et restreint du terme il s'agit selon le dictionnaire Larousse d’un « Régime établi en Italie de 1922 à 1945, fondé sur la dictature d'un parti unique, l'exaltation nationaliste et le corporatisme. »
S'y ajoutent deux autres définitions plus extensives:
« Doctrine ou tendance visant à installer un régime autoritaire rappelant le fascisme italien. »
« Attitude autoritaire, arbitraire, violente et dictatoriale imposée par quelqu'un à un groupe quelconque, à son entourage. »
Au vu des différentes expériences européennes, il est normal de s'interroger sur les éventuelles correspondances françaises au fascisme, il faut néanmoins établir une définition suffisamment stricte, au risque qu'à force de trop étendre une notion, elle risque de ne plus rien signifier.
 Il faut donc trouver des critères qui soient assez discriminants pour distinguer l'idéologie fasciste des autres idéologies.
-       D'abord la transcendance de la division droite/gauche et la prétention d’en faire la synthèse est commune aux régimes fascistes. Mais cela ne suffit pas à taxer une doctrine ou un mouvement de fasciste. Les centristes sont dans ce cas.
En cherchant plus loin on trouve un autre thème :
-       La conjonction du social et du national. En associant progrès social et grandeur de la nation, la fracture droite gauche est réduite. Le mouvement allemand de 1933 en est l'emblème : national-socialisme.
D’autres critères sont encore nécessaires pour expliquer le phénomène :
-       La volonté révolutionnaire est aussi l’une des caractéristiques. C’est l'ambition de créer un ordre nouveau, une « troisième voie »
On retrouve aussi :
-        La critique du libéralisme, de l'individualisme, le refus de la démocratie, au profit d'un état fort, autoritaire, supérieur à tout mais aussi le culte du chef, de l'autorité, de la violence ainsi que le racisme.
Pris séparément, ces critères ne suffisent pas juger du caractère fasciste d’une idée, d’un parti. Il n'est pas non plus question de réserver l'emploi du terme fasciste à l’Italie de Mussolini, mais voyons en quoi il est différent du Lepénisme et de sa formation politique :

b)    pour comprendre ses différences profondes avec le parti
Il y a de véritables raisons qui font qu'on ne peut pas qualifier le front national de parti fasciste et d'autres beaucoup plus douteuses souvent avancées par les cadres du parti eux même.
JMLP clame ainsi que :
-       Le fascisme est un phénomène de gauche fondé par « un député socialiste, Benito Mussolini ». La véracité de ce propos est plus que contestable car il est très réducteur. En admettant qu'il y ait une matrice de gauche du fascisme, ce n'est pour autant « le socialisme qui en est la cause, mais bel et bien l'une de ses déviances devenue négatrice des valeurs qu'il incarne » (JF Sirinelli). Ensuite parce qu'une synthèse avec une autre matrice, de droite cette fois ci, est nécessaire.
Il critique également :
-        l'interventionnisme de l'état notamment en matière économique. Mais c'est là encore oublier que le  dirigisme fasciste, tout comme le totalitarisme sont des produits relativement tardifs du fascisme au pouvoir, en partie déterminés par des impératifs externes.

Certains critères du parti permettent par contre de le dissocier plus clairement d’une organisation néo fasciste :
-       Tout d’abord le fait que le front «  ait choisi d’agir dans le cadre institutionnel la démocratie représentative et parlementaire » R. Rémond. Rien qui ne rappelle dans les campagnes, la présentation des candidats a toutes les élections, la participation aux assemblées, la violence des ligues factieuses de l’entre deux guerre.
La nature du parti le distingue également :
-       Il n’a rien d’un parti-armée. On ne trouve pas de formation paramilitaire dévouée fanatiquement au chef du parti sous la bannière frontiste.

-       L’ancrage à droite, et l’attachement aux valeurs libérales (même s’il est de moins en moins affirmé, notamment en matière économique avec la nouvelle présidente du front) a fait partie des déclarations de JMLP « Dans le mot droite, il y a droiture, c’est-à-dire la franchise qui me semble être la qualité des francs, la qualité principale ».
On trouve encore :
-        Le conservatisme et l’attachement aux traditions au centre des idées Lepénistes. Elles s’opposent à l’ambition révolutionnaire des courants fasciste, à leur volonté de créer un ordre nouveau.

-       L’intervention du parti et de l’état dans tous les domaines, notamment la sphère privée est également rejetée par Le front national.
Enfin,
-        JMLP se revendique de tradition humaniste et chrétienne que le fascisme a tendance à répudier.
Sa fille quant à elle :
-       ne fait plus de la Seconde Guerre Mondiale et des guerres coloniales un thème de campagne.
Ce qui la distingue encore de son père. C'est d'ailleurs du simple bon sens sociologique : de moins de moins de personnes sont figées dessus. C’est ce que nous allons voir en étudiant l’électorat frontiste.

c)    et l'électorat frontiste
De nombreuses études sur la sociologie des électeurs frontistes font ressortir un électeur plutôt âgé, masculin, qui a fait peu d’études et appartient à un milieu peu aisé, ouvrier.
On pourrait penser à travers cela que les motivations du vote frontiste, sont, à l’image de l’électorat, constantes…
Or, pour D. Bizeul :
-        Toutes sortes de personnes fréquentent le FN, des adeptes de la « France blanche » à des personnes moins obnubilées par les dimensions raciales ; chacune d’entre elles a, selon les circonstances, des comportements et des paroles qu’on peut ou non qualifier de racistes « Mis à part les adeptes aux visées sectaires et les moments d’agressivité verbale, tous les militants n’expriment pas de haine envers les personnes de couleur ou les juifs. L’hostilité de principe envers les immigrés, d’ailleurs plus souvent liée à un conflit social qu’à du racisme proprement dit, peut parfaitement se conjuguer chez les mêmes individus avec des comportements courtois et corrects avec les individus de couleur concrets qu’ils côtoient dans leurs vies quotidiennes ».
 Les croyances ou idéologies ne sont, pour lui, que très faiblement explicatives des comportements réels.

Pour Nonna Mayer :
-        il y a  une double nature du vote FN » avec d'un côté des électeurs se réclamant de l'extrême droite, de l'autre des électeurs « ninistes » (ne se reconnaissant ni dans la droite, ni dans la gauche)
Tandis que pour E. Lecoeur :
-        le Front National apparaît comme une puissante machine à produire du symbolique, à proposer une identité de substitution face à l’harmonie perdue pour tous ceux que la crise malmène (crise définie par l’auteur dans un sens beaucoup plus large que les seules dimensions économiques et sociales).

Alors qu'il est depuis longtemps prouvé que le ni le parti, ni ses électeurs dans leur majorité, ne peuvent être taxés de fascistes, pourquoi le FN continue-t-il d'être perçu par beaucoup comme l'incarnation du mal en politique.

II)            Un parti diabolisé ?

L'idée que l'on se fait des choses n'est jamais le simple fruit du hasard. A son entrée sur la scène politique en 1972, il n'était pas mal venu de rapprocher front national et fascisme. D’abord parce qu'il n'est pas un objet politique non identifié et qu'il existe rarement des phénomènes historiques totalement nouveaux. Ensuite parce que le groupe qui l'a créé, son président, les ambitions du parti sont autant d'éléments qui l'ont fait entrer dans la catégorie des mouvements fascistes

a)    Un héritage fasciste

En première position dans l'ordre chronologique et pas par ordre d'importance :
-        c'est sa parenté avec le groupuscule clairement néo-fasciste, ordre nouveau, qui le positionne politiquement.
C'est ensuite les cadres du parti eux-mêmes qui inspirent la méfiance :
-       JMLP en est le principal exemple : Son passé de dirigeant avec Pierre Durand, d'une maison d’édition assurant la diffusion de chants de la révolution allemande et de discours des dirigeants nazis pose le décor. Pour le reste c'est surtout les provocations verbales, les dérapages plus ou moins contrôlés sur le « détail des chambres à gaz » ainsi que la faible importance qu’il accorde aux thèses révisionnistes. Les multiples références à l’occupation, au temps des colonies, le culte de l’ordre, de la force, de la virilité laissent planer un soupçon de nostalgie pour les régimes fascistes.
On pourrait y ajouter :
-        une hostilité envers la classe politique, la « bande des quatre » (à l’origine PC, PS, UDF,  RPR mais évolue).
Enfin :
-        le culte du chef et la mise en scène à grand spectacle des meetings du FN, le show verbal et gestuel, presque théâtral de JMLP sont les vestiges de sa culture politique initiale.

-       On retrouve fréquemment dans la presse des membres, des élus, des candidats du front affichant un profil qui laisse peu de doutes sur leurs convictions.

-        En orbite de l’organisation gravitent quelques groupuscules beaucoup plus radicaux, bien visibles lors des manifestations comme celles du premier mai.

Marine Le Pen est beaucoup plus prudente quant à l’image qu’elle souhaite donner, et a interdit, par exemple, la présence des skinheads dans les regroupements du FN.
Mais elle suscite elle aussi la crainte. La crainte qu’elle ne soit que la vitrine d’une extrême droite adoucie sur la forme mais toujours aussi virulente sur le fond.
Venons-en d’ailleurs à cette virulence idéologique, au fonds de commerce des LEPEN


b)    Et les idées douteuses :
L’analyse des idées lepénistes montre, dans un premier temps, que le discours du FN s’abreuve aux sources du traditionalisme politique pour, dans un second temps, insister sur sa dimension populiste. En somme, l’efficacité du FN sur le marché politique s’explique, en partie, par le mariage du traditionalisme et du populisme.
Depuis le début les discours du Fn montrent une tonalité bien traditionaliste doublée d’allusions racistes.
L’individu doit se conformer à ce qui existe, presque tout lui étant donné à sa naissance. C’est l’appartenance à une lignée qui prime et qui impose à cet individu ses caractéristiques de base.
Cette conception présente surtout aux jeunes années du FN accorde une place fondamentale à la notion d’ordre.
Ainsi on peut trouver dans le programme de 2005 « Histoire des peuples du monde entier l’atteste : une civilisation ne peut durer sans se référer à un ordre spirituel qui dépasse les individus, ordre qu’ont à garder, en dépit des vicissitudes humaines, les institutions politiques et sociales. »
Or du point de vue frontiste l’ordre n’est plus respecté et s’introduit ainsi la notion de décadence. Cette décadence permet de mettre en avant des boucs émissaires, des fauteurs de troubles : immigration, insécurité, islamisation etc…
Le concept de Nation est également investi par le front. «C’est une réalité solidaire qui ne peut accueillir des communautés étrangères particulières ».
Pour P-A Taguieff, on assiste la a une « absolutisation de la différence ». L’intégration ne peut plus se faire qu’au prix d’une acculturation profonde.
L’idée de préférence nationale est au cœur des programmes du front et permet encore de mépriser l’immigré « 2 millions et demi de chômeurs ce sont 2 millions et demi d’immigrés en trop ».
Enfin un discours populiste se fait ressentir. Marine Le Pen et son père s’incarnent en la figure d’un chef qui vient dire les vraies choses, celles que tout le monde pense tout bas. Ils se placent comme ceux qui défendent le petit peuple des élites, des étrangers, en somme de tout ce qui cause la décadence.
Un autre penchant du discours lepéniste c’est la victimisation sur le fait qu’on les opprime qu’on les censure, qu’on les diabolise. Bien qu’exagérée, il y a une part de vérité dans cette affirmation.


c)    Conduisent à sa diabolisation médiatique :

« Le Pen c’est vous qui l’avez fabriqué » entendent souvent les journalistes politiques, qui ont tendance à l’ériger en figure emblématique du mal.
 « Dès les premiers succès du FN, nous dit Elisabeth Lévy, c’est avec la sincère conviction d’œuvrer pour la démocratie que les médias forgent une exception Le Pen. Les journalistes mènent un combat, un combat moral plus que politique ».
Il est vrai que le l’objectivité si nécessaire à la profession n’est pas toujours respectée.
Ce phénomène s’explique par un défaut d’analyse, un amalgame entre FN et fascisme, doublé d’une véritable indignation quant aux tendances du parti.
On peut parfois craindre que faire comprendre, expliquer sans juger, nous conduise à justifier.
On peut citer par exemple la publication annuelle du sondage sur l’image du FN dans l’opinion :
Titres de « Le Monde » :
-       mai 2000 : Français décomplexés / idées de l’extrême droite
-       2005 les thèmes de l’extrême droite s’imposent dans l’opinion.

Olivier Duhamel constate lui-même une avancée des thèmes de l’extrême droite dans la société Française :
-       Défense des valeurs traditionnelle, punition plus sévère des petits délinquants et Pb de l’immigration (63% trouvent le nombre d’immigrés excessif)
Pour Nonna Mayer, les idées d’extrême droit ne progressent pas vraiment :
-        D'abord, les thèmes cités précédemment ne représentent pas seulement une appartenance à l’extrême droite.
-       Ensuite, le nombre des partisans de la peine capitale a chuté de 11 points entre 2000 et 2006 et 27 points / 1988.
-       Le souhait que la police ait plus de pouvoir a reculé de 14 points entre 2000 et 2006
-       Le nombre de personnes qui trouvent que le nombre d’immigrés est excessif était de 73% en 1995
-       Quant à ceux qui adhèrent au thème spécifique du Fn c’est-à-dire la préférence nationale : 45% en 91 contre 19% en 2005.

Avec l’arrivée de Marine, que l’on appelle plus par son nom mais son prénom et sa campagne de dédiabolisation, on commence seulement normaliser traitement du Front National. Et c’est peut être ici l’arme la plus redoutable pour le combattre.
La diabolisation, la marginalisation d’un parti et de ses électeurs qui se sentent victimisés, stigmatisés, crée du lien social et fait apparaitre le Front comme « en dehors du système », ce dont il aime se prévaloir !

Conclusion
On peut essayer de comprendre les succès électoraux du FN à l’aide de slogans, comme on a pu en entendre pendant la campagne présidentielle de 2002, comme « Le Pen facho, le peuple aura ta peau ! ». Bien qu’il soit réconfortant, l’exercice de diabolisation politique n’aide pas à la compréhension du phénomène. Il est nécessaire pour l’historien, et le politologue mais aussi pour le citoyen soucieux de démocratie de ne pas créer a contre temps d’épouvantails illusoires. Cependant, ne pas le classer sous l’étiquette de fasciste ne signifie en aucune manière qu’il faille appréhender le front national comme un parti sans dangers, un parti comme un autre. A l’heure ou Marine Le Pen tente un glissement sémantique qui vise à reconsidérer le caractère extrémiste, du front il faut tout de même avoir en tête l’idéologie profondément raciste et xénophobe qu’il véhicule.

1 commentaire:

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