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dimanche 20 novembre 2011

L’Exposition coloniale internationale de Vincennes de 1931



     L’Exposition coloniale internationale de Vincennes de 1931


Introduction :
                  L’Empire français dans les années 1930 a retrouvé son prestige colonial et a atteint son apogée territorial et démographique. Face à cela, les dirigeants ont besoin de créer au sein de la population française une véritable conscience coloniale, notamment à travers  différentes manifestations.  En effet, dès les années 1870, de grandes expositions universelles ont fleuri sur le territoire national français, ces dernières réservant une place croissante aux sections coloniales.  On peut souligner que Marseille a notamment accueilli deux expositions purement coloniales, en 1906 et 1922. Mais, après la fête du centenaire de la conquête de l’Algérie en 1930, c’est l’Exposition coloniale internationale de 1931, qui marqua, plus que tout autre exposition, les mémoires. Le 6 mai 1931, Gaston Doumergue, président de la république, accompagné du maréchal Lyautey, inaugure l’Exposition coloniale internationale, qui s’étend sur 110 hectares autour du lac Daumesnil, au bois de Vincennes. Cette manifestation marque l’apothéose de la III e République qui voulait convaincre l’opinion publique de la puissance coloniale de la France. Bien que toutes les colonies ainsi que les pays sous protectorats soient représentés, l’exposition met en avant l’Afrique noire, Madagascar, l’Afrique du Nord, l’Indochine ainsi que la Syrie et le Liban. Elle présente également les colonies étrangères, d’où sa vocation internationale. Il faut attribuer d’abord le succès de cette exposition à la bonne organisation de l’opération par Lyautey, commissaire de l’Exposition, qui a déjà compris les techniques modernes de la communication. De ce fait, plus de 33 millions d’entrées, soit près de 8 millions de visiteurs ont parcouru l’exposition et ont pu vivre l’illusion d’un voyage dans le monde colonial, on note que c’est la plus grande affluence qu’est connu une exposition parisienne depuis l’Exposition universelle de 1900. L’année 1931 est une année propice à l’exposition car c’est sans doute la dernière des années de l’avant guerre dans lesquelles les français ont pu croire à un avenir sans conflits. En effet, la paix en Europe semble assurée, grâce à la politique de conciliation menée par Aristide Briand mais aussi grâce à la suprématie militaire française. Mais la France connaît aussi une véritable prospérité économique et paraît ainsi échappé à la crise qui frappe le monde depuis le krach de Wall Street d’Octobre 1929. Ce projet d’exposition à pour but essentiel de défendre l’œuvre coloniale ainsi que de former une pensée coloniale dans un Empire, qui constitue un élément de force fondamentale pour la France.
On peut à présent se demander en quoi l’exposition Coloniale internationale marque l’apogée de l’Empire français ?
Tout d’abord, nous analyserons la formation d’une véritable conscience coloniale. Mais aussi le fait, que cette exposition est une manifestation nationale et internationale. Et enfin, que la sphère politique française s’est fortement engagée à travers cette exposition.
I/ La formation d’une conscience coloniale
A)   L’Exposition, objet de propagande
L’Exposition coloniale internationale de Vincennes de 1931 correspond au paroxysme des efforts de propagande que ce soit financiers, matériels  et humains de la République en matière coloniale. En effet, il s’agissait d’un évènement ponctuel, destiné à créer l’étincelle d’intérêt pour les colonies françaises. Cette exposition devait selon ses auteurs provoquait dans la population une véritable fièvre pour les colonies.
Pour le parti colonial, qui restait fidèle à ses attaches républicaines, l’Exposition devait être un inventaire, une démonstration et elle devait servir avant tout à l’idée coloniale dans le pays. Ce sont les parlementaires du parti qui ont convaincus Lyautey de la nécessité d’un gros effort financier pour la propagande intérieure. En effet, Lyautey en 1928, n’avait affecté que 5 millions pour cet usage. Mais grâce au groupe colonial de la Chambre, Lyautey obtient par la loi du 18 mars 1931, un crédit supplémentaire de 12 millions, pour mener à bien son projet.
Pour se faire, la presse, les cartes postales, les périodiques, illustrés ou non, les brochures, les livres furent utilisés pour l’Exposition : de multiples affiches furent placardées dans tout Paris, affiches qui présentent les différents types de populations, censées résumer la variété des cultures et des races du monde colonial. Ces affiches/ peintures s’accompagnent de slogans sans équivoques, comme par exemple le fait de pouvoir faire le tour du monde en un jour. Cela illustre parfaitement cette volonté de séduire les métropolitains et de les rassurer sur les vertus du colonialisme. De plus, tout au long de la manifestation, qui dura plus de 6 mois, l’esprit de propagande coloniale avait été entretenu par l’organisation de 200 congrès, dont le sujet était centré sur l’enseignement des futurs agents coloniaux, en promouvant notamment l’étude des langues indigènes.
                  Durant toute la durée de l’Exposition, on voit une démultiplication des articles en faveur de la question coloniale. La grande presse, comme Le Petit Parisien, qui a le plus fort tirage français se lance dans les grandes enquêtes et reportages sur les colonies : une rubrique coloniale  est instituée, Le Temps. Mais d’autres journaux, comme le Journal des débats, lance sa chronique, « Revue coloniale » avec l’écrivain André Gide, qui insiste sur l’émerveillement devant une telle réalisation. Dans tous les journaux de l’époque, les lecteurs peuvent ainsi admirer des publicités pour l’Exposition, dont certaines sont de véritables chefs d’œuvres de compositions pour sublimer les colonies. Avec ces quelques exemples, on constate alors aisément que la presse, dans son ensemble montre alors un intérêt prononcé pour le domaine colonial à travers l’Exposition, qui permet ainsi au sein de la population française  d’étendre une conscience pro coloniale.  
Les missions catholiques  et protestantes sont également représentée au travers  l’Exposition : en effet, un pavillon, leur sont consacrées, ce qui montre bien la promotion des bienfaits des missions dans le monde des colonies, qui permettent notamment l’instruction de la population, la transmission de la religion à l’Occidentale.
Cette Exposition avait donc pour but de dire aux français les bienfaits de l’apostolat colonial, l’idée des dirigeants est donc de faire passer à travers l’Exposition,  l’idée que  grâce à la colonisation, les colonies ont pu jouir de la bonne civilisation, la civilisation occidentale. Quant au but essentiel, le ministre des Colonies, Paul Reynaud le formula ainsi le jour de l’inauguration : « Donner aux Français conscience de leur Empire ». « Il faut que chacun de nous se sente citoyen de la Grande France ».
Le système de propagande mis en place autour de l’Exposition a donc permis la réussite de cette dernière, qui s’est en effet accompagné de plus de 8 millions de visiteurs  en 6 mois.
B)   Une volonté d’instruction de la population française
L’Exposition coloniale internationale de 1931 a d’abord été pensée comme vecteur d’instruction du peuple français, selon les traditions de spectacle du parti colonial.
L’Exposition avait en effet pour but de provoquer chez le visiteur l’illusion d’un voyage dans le monde colonial, en lui promettant « le tour du monde en 1jour». Des affiches publicitaires vantées cela, avec des slogans tels que « Pourquoi aller en Tunisie quand vous pouvez la visiter aux portes de Paris ? ».
Le visiteur était donc embarqué dans un voyage planétaire autour du lac Daumesnil, il pouvait alors se glisser d’une colonie à l’autre, d’un palais marocain à la rue d’un village soudanais par exemple. Cette Exposition didactique ne manqua pas de moyens pour formater l’opinion de la population. En effet, on organisa au sein de cette dernière des caravanes et des courses de chameaux, des promenades en pirogues malgaches sur le lac. Mais aussi, on fit découvrir à la population française un autre type de saveurs avec la gastronomie coloniale. Des souks tunisiens, des restaurateurs africains ou tunisiens, le « café du Cameroun » notamment, qui révélaient au peuple des mets qui lui étaient jusque là inconnu, comme les pâtisseries arabes ou les boissons exotiques. Sous cet apparat de « parc d’attraction », la visée didactique et instructive des dirigeants est bien présente.
De manière plus visible, la Cité des informations offre  aux visiteurs un guide officiel avec  statistiques, graphiques, cartes établies par les services officiels, mais aussi par les chambres de commerce et les associations coloniales. Son but est d’être un instrument de travail pour les hommes d’affaires désireux de s’informer sur les différentes colonies françaises auprès de personnels spécialisés.  Mais l’information est aussi destinée à un large public. En effet, le Musée permanent de la porte Dorée propose une rétrospective de l’histoire coloniale française. Une station, dite Radio-Colonial a été crée spécialement pour l’occasion. La manifestation est aussi l’occasion de réunir des congrès économiques ou scientifiques. Congrès de la Confédération des travailleurs intellectuels, états généraux du féminisme, ségrégation ethnique.
Certaines intensions des organisateurs furent fermement soulignées, pour formater les consciences : En effet, en ces années où le sort de l’Indochine était remis en question, elle eut une large place au sein de l’Exposition, « joyau  de la colonisation française » : Elle représentait le dixième de la superficie de l’Expositions.
Grâce à cette vive propagande, les  autorités françaises estimèrent que le public avait été « séduit et instruit ». Les Français ne pouvaient désormais pas oublier qu’ils avaient un Empire. Les colonies ne représentent alors plus ces terres inconnues que la presse de l’époque évoquée si souvent avant l’Exposition (l’Illustration). Les Français ont alors plus confiance dans la grandeur de la France, confiance qui n’était pas clairement exprimé avant cela.
Pour les autorités de la République, leur but avait été atteint : l’esprit colonial avait pénétré les masses populaires. Pour le ministre des Colonies, Paul Reynaud, initiateur de l’Exposition, l’Empire français était devenu un bloc indivisible et les Français ressentaient alors l’honneur d’en être les citoyens. On peut voir la naissance de cette conscience coloniale grâce à l’Exposition dans le discours d’André Tardieu, qui avait écrit dans l’Illustration de Janvier 1931 : « Chez nous la conscience impériale est à naître », il affirmait 10 mois plus tard : « elle est née ».
Cependant, il faut nuancer la visée didactique de l’Exposition car après cette dernière des militants de la cause coloniale, des journalistes furent dans l’ensemble déçu face à son aspect instructif. En effet, pour eux, l’Exposition n’avait pas été assez éducative, et n’avait pas revêtu dans son ensemble ce caractère d’enseignements : pour ces derniers,  elle avait peut-être atteint les masses et la jeunesse mais elle n’avait rien modifié à la mentalité des cerveaux adultes, ou ceux qui n’étaient pas par avance convaincus.
II/ Une manifestation nationale et internationale
A)   Promotion culturelle et économique de la « Grande France » ?

1.     Une promotion culturelle nationale réaliste?
Le site de l’exposition se divise en 4 sections : la France métropolitaine, les territoires d’outre-mer, les pavillons nationaux et le musée permanent des colonies.
Le but de l’Exposition était de recréer, des temples, des éléments symboliques des colonies françaises, pour permettre de montrer aux Français comment chaque colonie vivait, dans quel milieu,  montrer en quelques sortes les richesses de l’Empire. D’un point de vue architectural, c’est une véritable réussite. On peut le voir, à travers le chef d’œuvre architectural de la section coloniale et le clou « touristique » de l’exposition, celui qui va marquer tous les esprits : une reproduction grandeur nature d’Angkor Vat qui occupe 5 000 mètres carrés et dont la tour centrale atteint 55 mètres. On trouve à l’intérieur du temple, 80 dioramas dans des salles éclairées par un plafond voûté en blocs de verre translucides formant une fleur de lotus gigantesque. On peut y voir aussi des mannequins habillés de manière « authentique », des cartes, des maquettes d’édifices « indigènes » et un mur d’images illuminées comportant à peu près  1000 diapositives.
Comme dans les précédentes expositions, des spectacles authentiques furent donnés : par exemple, on ressuscita avec des figurants autochtones le cortège du roi Béhanzin ou celui du Morto-Naba et l’on fit défiler dans leur uniforme d’apparat les dignitaires malgaches qui entouraient la reine Ranavola III avant 1895.
Le public put également entendre des orchestres africains, malgaches, des musiciens de cafés maures ou à admirer des ballets annamites et des troupes de danseurs noirs.
L’Exposition peut se visiter certes de jours mais aussi de nuits : des nuits coloniales ont été également organisés, le but étant de mettre en valeur les pavillons, de faire de l’Exposition, une fête éblouissante, remplie de féerie. Ces nuits sont d’immenses succès, qui laissent de nombreuses traces dans les journées de l’époque : par exemple, la nuit du 13 juillet est intitulée la féerie coloniale, car elle s’est finalisée par un immense feu d’artifice sur le lac Daumesnil. Ces nuits sont alors la démonstration de progrès techniques considérables : Pour se rendre compte, on peut citer que huit câbles à haute tension de 12 000 volts auront été nécessaire pour éclairer l’Exposition de nuit soit l'équivalent de la consommation électrique d'une ville de 100 000 habitants.
Cependant,  L’exposition de Vincennes se voulut un spectacle d’art où la beauté et la couleur des architectures l’emportaient sur le strict réalisme. En effet, de nombreux pavillons dits de style local furent de libres interprétations, non de reconstitutions fidèles. Ainsi, le palais rouge de Madagascar, surmontée d’une tour en tête de bœuf, correspond à une pure création parisienne. Dans cette idée, le bois de Vincennes, pour l’occasion fut orné de somptueux palmiers dattiers, alors que ce palmier est rare sur les côtes d’Afrique. De plus, en dressant de luxueux décors et en y plaçant d’authentiques personnages vêtus d’habits de fête, les organisateurs créèrent des impressions d’esthétiques, tout aussi erronée. En effet, l’Exposition ne montre pas la grande misère des paysans d’Indochine, elle reste donc un reportage non fidèle
Ce que les visiteurs de l’exposition du bois de Vincennes perçoivent sous forme d’exotisme et de pittoresque est une réponse esthétique face à une mise en scène théâtrale dont la vraisemblance devient un objet de curiosité en soit. En effet, personne ne confond le fameux temple d’Angkor Vat avec l’original mais cette copie exerce une force impressionnante sur les visiteurs car à cette époque les voyages à l’étranger se font rares. L’attrait culturel des visiteurs s’expliquent donc par cela, même si, l’architecture de l’Exposition détourne souvent la copie de l’original.
2.     Promotion économique des colonies ?
Lyautey, commissaire générale de l’Exposition insistât pour que l’Exposition mette en avant les progrès économiques dus à la colonisation. En effet, les colonies sont les plus gros clients de la France et  également les  premiers de ses fournisseurs : par exemple, le quart de la production totale de tissus de cotons sont absorbés par les colonies.  
L’Exposition est alors le lieu de divers publicités d’ordre commercial, de promotion économique :
-        Le chocolat menier
-        L’automobile Rosengart
-        Boisson Ricqulès et Suze
-        Brasserie « chez Jenny »

Cependant, l’aspect économique  des colonies avec notamment des photographies de réalisations industrielles, des statistiques sur le mouvement commercial, des collections d’échantillons n’intéressèrent pas le grand public, qui préférait les salles contenant des arts décoratifs, les représentations des « indigènes », on peut dire plus globalement l’aspect vivant, plus « réaliste » de l’Exposition.

B)   La participation de nations étrangères
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une manifestation internationale. Le maréchal Lyautey souhaitait ainsi amené les concitoyens à comprendre, grâce à la participation des autres puissances coloniales, que les Français n’ont pas été les seuls à participer à ce qu’ils appellent « le plus grand fait de l’histoire ». Il voulait aussi  amener les Français à comparer leurs méthodes à celles des autres puissances, en particulier pour leur montrer que les méthodes Françaises sont plutôt bonnes.
Cependant, toutes les puissances coloniales ne sont pas présentes à Vincennes. Les Espagnols, en froid avec les Français sur les questions marocaines ont déclinés l’invitation, les Japonais également car ils ne voulaient pas montrer de solidarité avec les puissances « blanches ». Bien évidemment, L’Allemagne n’en fait pas partie car le traité de Versailles de 1919, a privé l’Allemagne de ses colonies au profit de la France (Syrie, Liban) et de l’Angleterre notamment. L’URSS, comme une évidence ne fait pas partie de l’Exposition  car Staline est un adversaire de toute forme d’impérialisme à part le sien.
Les Anglais ne s’associent que discrètement à cette manifestation, sous forme d’un stand de la Cité des informations. En effet, La Grande-Bretagne, invitée depuis 1921, faisait traînée sa réponse en multipliant les objections : elle préparait jusqu’en 1924, la British Empire Exhibition, manifestation coûteuse, qui diffusait la mentalité impériale des Anglais. Néanmoins, malgré ce premier refus, Lyautey ne lâcha pas l’affaire et à trois reprises il insista pour la présence de l’Imperial Institute à l’Exposition mais cela se termina par un second échec. Les Anglais se montrèrent alors totalement indifférents à l’égard de ce projet colonial français. Mais, c’est à cause de leurs difficultés économiques dûes à la crise, qu’ils durent se résigner à participer,  même discrètement.
Malgré cette mince participation, Paul Reynaud, organisa une réception solennelle en l’honneur du grand écrivain Rudyard Kipling, chantre de l’Empire britannique.
Mais la participation des autres puissances coloniales est moins réservée : en effet, 2 hectares sont attribués au Congo belge, 3 hectares aux possessions des Pays-Bas (dont les Indes néerlandaises). L’Italie fasciste célèbre quant à elle son domaine africain : Somalie, Libye, Erythrée. Le Portugal souligne l’importance de ses possessions en Angola et au Mozambique. La Palestine est également présente, qui même sous mandat britannique édifia un luxueux pavillon.
De manière moins attendue, le Danemark et les USA figurent à l’Exposition. Les Danois ont consacré leur pavillon au Groenland. La section américaine est représentée par la reconstitution de la maison de Georges Washington mais aussi par des expositions sur l’Alaska, Porto Rico, Hawaï.
En Outre, seulement 5 Etats Européens décidèrent de participer à l’Exposition. Le rêve de Lyautey d’avoir une Europe réconciliée et solidaire dans l’œuvre coloniale se révélait ainsi irréaliste.
Cet échec passait sous silence, contribua involontairement à rendre étroitement française la grande exposition coloniale internationale. Plus qu’une Exposition internationale, cette Exposition est au final un bilan de l’activité économique, politique et culturelle de la France coloniale.
III/ L’Exposition et la politique française
A)   L’Union des politiques 
A travers l’Exposition, on voit bien que la question de l’Empire français est une question avant tout politique.
Cette Exposition est alors le témoignage d’une union assez étonnante antre les droites et les gauches, qu’en théorie tout oppose. En effet, ils se rassemblent tous les 2 sous un discours glorificateur au moment de l’Exposition.
C’est tout d’abord, la droite modérée, qui est au pouvoir, qui s’est investie pleinement dans « l’œuvre coloniale ». A l’image de Paul Reynaud, symbole de l’attachement de la droite parlementaire à l’empire et au sein du parti colonial français. Il mène des  actions au ministère, qui permettent  une réorganisation des différents services, l’élaboration et la préparation de l’Exposition coloniale. Lors de son discours en 1931, il a alors qu’une seule idée en tête, qui est de faire prendre conscience à chaque citoyen français de son appartenance à l’Empire. Quant à gauche, la question coloniale, la conscience nationaliste est également au cœur de sa pensée. Ces idées patriotiques  se révèlent de manière accrues lors de l’Exposition coloniale de 1931. On peut voir cela, notamment dans la presse, avec notamment le journal radicale, la République, qui propose durant toute la durée de la manifestation, une page coloniale ponctuelle.
L’opinion à droite comme à gauche semble globalement conquise par cet empire : les grands reportages dans la presse, le nombre impressionnant de films et bien évidemment l’Exposition coloniale explique ce phénomène d’Union des politiques.
Cette date de 1931, représente alors sans conteste une étape fondamentale dans la prise de conscience des droites et des gauches de l’engouement des Français pour leur empire et l’importance des colonies pour établir un nouveau cadre économique. Mais leur prise de conscience « commune » souligne aussi leur aveuglement dans cette culture coloniale identique dans plus de 40 ans de conflits coloniaux. Ce Grand moment national, patriotique, républicain qu’est l’Exposition coloniale internationale de Vincennes reste et demeure un moment d’Union nationale comme jamais jusqu’alors n’en avait connu l’entreprise coloniale en France.
Cependant, malgré cette Union des droites et des gauches, un  courant politique se détache de ce groupe : les communistes.
B)   La réplique des anticolonialistes
Face à la mobilisation du parti colonial, les anticolonialistes, qui étaient pour l’essentiel des membres du parti communiste, avaient décidé d’intensifier leur action. En effet, le Komintern avait trouvé que la mobilisation et la propagande anticolonialiste avait été trop peu active lors de la fête du centenaire de l’Algérie en 1930. Il chargea la Ligue contre l’oppression coloniale et l’impérialisme, le parti communiste français, la CGTU de lancer une campagne contre l’Exposition coloniale internationale de Vincennes en 1931.
Ils décidèrent ainsi d’organiser, en réplique de l’Exposition coloniale internationale, une « Exposition anti-impérialiste » à Paris, intitulée : « La vérité sur les colonies ». Cette contre exposition, qui a lieu au pavillon des soviets à Paris, avait pour but de montrer un ensemble de photographies de guerres coloniales, des dessins satiriques et des graphiques sur les profits des sociétés capitalistes. L’écrivain Aragon, y participa, en y exposant des collections d’objets d’art nègres, symboles du mauvais goût à l’Occidental. Malgré sa durée exceptionnelle de juillet 1931 à février 1932 et des visites collectives organisées par les syndicats, seulement  5 000 personnes visitèrent cette contre exposition.
Cependant, d’un point de vu local, des comités de lutte contre l’Exposition coloniale se formèrent et agirent plus efficacement que la contre exposition :
-        Pour se faire des tracts  furent distribués aux différents colonisés dans leur langue maternelle pour dénoncer « l’oppression des impérialistes », le fait que les dirigeants français les prenaient pour des bêtes de foires au sein de l’Exposition.

Des brochures communistes furent distribuées, qui dénonçaient la violence, les répressions faits aux colonisés, contrairement aux impérialistes, le Parti communiste se disait pour la libération et l’indépendance des colonies.
On a une propagande communiste quotidienne, à travers des journaux comme l’Humanité, qui réprime les méfaits de la « foire de Vincennes ». Les communistes dénoncent aussi la gauche française, la SFIO, qui s’est alliée à la droite, pro coloniale : « Les chefs de la SFIO aux côtés des pires colonialistes ».
Pour être plus persuasif, le parti communiste mobilisa 12 écrivains du groupe surréaliste comme Aragon, André Breton,  René Char, pour rédiger un très long tract intitulé : Ne visitez pas l’Exposition coloniale : ils exigeaient notamment : « l’évacuation immédiate des colonies ».
Cependant, tous ces efforts pour contrer l’Exposition peuvent être interprétés comme un échec car l’anticolonialisme en 1930 n’atteignait pas les militants communistes et les travailleurs socialistes, qui ne répondirent pas aux différents appels des dirigeants communistes pour faire évacuer les colonies.
Conclusion :
Pour conclure, l’Exposition coloniale Internationale de Vincennes de 1931 a joué un rôle important dans la formation et la confirmation d’une idée pro coloniale chez les Français. Ce lieu de propagande,  tel que le voulait ces dirigeants étaient destinés à promouvoir les colonies, même à travers une image, qui est loin du réalisme. Cet enseignement colonial inédit visait surtout à émerveiller la population française avec la découverte d’une culture exotique, qui lui était à l’époque peu connue. Ce voyage en 1 jour est une véritable réussite dans la population d’une part par sa grande affluence mais aussi dans la construction d’une conscience impériale chez les Français. En effet, on peut dire que l’exposition a contribué à forgé cette conscience car d’après un sondage de 1939, réalisés par l’IFOP, on estime que  pour 53% des français, ce serait « aussi pénible de devoir céder un morceau de notre empire colonial qu’un morceau du territoire français ».  Les populations jeunes, de moins de 30 ans étant les plus touchées par cet engouement colonial. Malgré cela, l’Exposition coloniale de 1931 est aujourd’hui absente dans la mémoire collective des Français, moins que l’oubli de l’Exposition, cela traduit la volonté française d’oublier l’histoire coloniale dans son entier. En Outre, Vincennes reste néanmoins un évènement primordial, marquant l’apogée de l’Empire colonial français, véritable apothéose impériale, qui cède pourtant au cours des trois décennies suivantes, aux mutations politiques et sociales, que provoquera la décolonisation.

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